- stryge
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• 1868, -1534; lat. striga, de strix, strigis, gr. strigx, striggos♦ Littér. Vampire tenant de la femme et de la chienne. « Ce pullulement de démons, larves, follets, stryges, goules, vampires » (Henriot).⇒STRIGE, STRYGE, subst. fém.A. — MYTH. GR. ET ROMAINE. Monstre fabuleux représenté avec une tête de femme, un corps d'oiseau et des serres de rapace, qui passait pour sucer le sang des nouveau-nés et des jeunes enfants (d'apr. J. SCHMIDT, Dict. de la myth. gr. et romaine, 1965).B. — 1. FOLKL. [Au Moy. Âge notamment, en Europe et plus partic. en Europe centrale] Mort sortant la nuit de son tombeau pour aller sucer le sang des vivants ou se nourrir de leur chair; p. anal., sorcier ou sorcière s'adonnant aux mêmes pratiques. Charlemagne (...) condamne à la peine de mort ceux qui auront fait brûler des hommes ou des femmes accusés d'être stryges (COLLIN 1863). P. métaph. Sa grande vigueur s'altéra. Les stryges de l'anémie dévorèrent ses couleurs charmantes (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 37).2. P. ext., littér., vieilli. Sorcière. La pythonisse [de Salvator Rosa], vieille stryge bizarrement éclairée par le feu du trépied qu'elle attise, évoque l'ombre de Samuel (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 110). Du sombre accouplement d'une stryge en chaleur Et d'un bouc, qui n'était que Satanas lui-même, Sous un gibet, naquit cette fille-bohême (COPPÉE, Théâtre, t. 1, Guerre Cent ans, 1878, p. 247). V. larve ex. 1 et maléficié A ex. de É. Delcambre.Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1762, 1798 au plur. stryges subst. masc.; 1835: stryge subst. masc.; 1878 strige subst. fém., stryge subst. masc. (id. ds LITTRÉ mais avec la rem. ,,Il faut écrire strige et le faire féminin``); 1935: strige, stryge subst. fém. Lar. Lang. fr.: strige ou vieilli: stryge, subst. fém. ROB. 1985: stryge subst. fém.: ,,certains écrivains emploient ce mot au masculin`` et ,,on rencontre la var. strige``. Prop. CATACH.-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 218: strige Étymol. et Hist. 1. 1562 « sorte d'oiseau de nuit » stryge (RABELAIS, Cinquième Livre, XXX, éd. J. Plattard, p. 114); 1611 « chat-huant » (COTGR.), très rare; 2. 1586 strige « vampire » (LE LOYER, Spectres, IV, 11 ds HUG.: les striges ou demons de la Caledonie). De genre masc. d'apr. Trév. 1752-1771 [stryges]; fém. d'apr. BOISTE 1819 [id.]. Empr. au lat. strix, strigis, fém. (gr.
,
« effraie ») « chouette-effraie, oiseau qui passait, chez les Anciens, pour sucer le sang des enfants, vampire; sorcière », forme pop.
; de la var.
est issu l'a. fr. estrie « sorcière » (ca 1210 Dolopathos, 299 ds T.-L.), v. ANDRÉ Oiseaux, p. 146.
stryge [stʀiʒ] n. f.ÉTYM. 1534; estrie, v. 1200; lat. striga, de strix, strigis, grec strigx, striggos « effraie ».❖♦ Vieilli. Vampire tenant de la femme et de la chienne et qui, selon la légende, errait la nuit et suçait le sang des hommes (→ Évoquer, cit. 4; lémure, cit. 2). — REM. Certains écrivains emploient ce mot au masculin.1 Ce n'est pas une bête en son gîte éveillée,Ce n'est pas un fantôme éclos sous la feuillée,Ce n'est pas un morceau de l'ombre du rocherQu'on voit là-bas au fond des clairières marcher;C'est un vivant qui n'est ni stryge ni lémure (…)Hugo, la Légende des siècles, XV, « Eviradnus », I, p. 232.2 J'avoue être, pour ma part, excédé de toute cette diablerie de pacotille, ce pullulement de démons, larves, follets, stryges, goules, vampires, psylles, aspioles et bruccolaques, autant que des têtes de mort et des cimetières, où se complaisait l'imagination des Jeune-France, à la suite de l'Hugo des Odes et ballades.Émile Henriot, les Romantiques, p. 447.♦ On rencontre la var. strige (1868).3 (…) Bertille, mal habituée aux grincements nocturnes du Bocage — qui à cette heure semble habité de striges — en est toute frémissante à mon bras.Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 245.
Encyclopédie Universelle. 2012.